GlossaireTechnique

Parlons briquettes… !

Par Jean-Jacques Dujardin.

Les passionnés de locomotives à vapeur ont entendu parler des briquettes : ils les ont aperçues, ceinturant la partie supérieure de certains tenders. Au Pacific Vapeur Club, nous les utilisons en complément du charbon « commun » pour la chauffe de notre locomotive. Ces briquettes étaient fabriquées en France, à Tonnay-Charente (Charente-Maritime), par la Société Charentaise d’Agglomérés.

Une vue de l’usine de Tonnay-Charente

En voici l’histoire

Tonnay-Charente est une ville de 6600 habitants, située à quelques « coups d’ailes » de Rochefort. L’usine d’agglomérés de houille fut créée, en 1899, dans cette ville au bord de la Charente par la société Delage et Cie. Cette société fut rachetée 2 ans plus tard par la maison Charvet, société fondée en 1832 et propriétaire d’usines identiques dans la région de Lyon et de Saint-Étienne. A cette époque, le charbon provenait principalement de Grande-Bretagne et l’usine le transformait en briquettes pour les locomotives et les usines, et en boulets pour le chauffage domestique. D’importants bâtiments ont été édifiés durant la période 1930/1935. A partir de 1959, la société a fait construire des installations de défumage de boulets dont six fours, ou cocottes, très performants. C’est en 1978 que la société est devenue la Société Charentaise d’Agglomérés, tout en restant dans le groupe Charvet, avec une production de plus de 70 000 t par an, distribuée dans toute la région Poitou-Charentes.

Dans les années 1960, le matériel de l’usine se compose de deux presses à boulets d’une capacité de 20 t et 15 t/heure, d’une presse à briquettes de 15 t/heure et d’un atelier de criblage. Deux chaudières à charbon fournissent la vapeur nécessaire à l’usine. Les deux fours Vernon de Lisieux (Calvados) servant à assécher le charbon sont, depuis peu, alimentés par des brûleurs à gaz.

Au début du XXème siècle, l’entreprise employait 350 personnes ; vers 1950 elles n’étaient plus que 90 et en 1997 il en restait 13.

Stock de charbon à l’usine de Tonnay-Charente

 

Le site est desservi par un embranchement ferroviaire et par la voie navigable. Aujourd’hui, l’usine a subi d’importants perfectionnements, notamment en ce qui concerne la fabrication des agglomérés et le séchage des charbons destinés à l’agglomération. La société anonyme « Les fils Charvet » possède en France et à l’étranger plus de 40 agences de vente et d’achat de combustibles.

La méthode de travail a très peu évolué depuis 1901, date de l’installation de la maison Charvet à Tonnay-Charente. Aujourd’hui, le charbon arrive toujours principalement de Grande-Bretagne et, dans une moindre proportion, d’Allemagne et d’autres pays d’Europe. Ces charbons sont déchargés par des grues puis mis en poudre et stockés sous un grand hangar ou à l’extérieur. Ils sont ensuite asséchés dans l’un des deux fours Vernon dans lequel ils parcourent de haut en bas quatre étages séparés par des grilles. Ces fours sont actuellement alimentés par de gros brûleurs à gaz.

La « poudre » de charbon est ensuite mélangée dans de gros malaxeurs avec une certaine proportion de brai en poudre. Le brai est un résidu de la distillation des goudrons de houille, de bois ou de pétrole. Ce brai va servir d’agglomérant sous l’effet de la vapeur toujours fournie par les deux grosses chaudières (Fonderie et Atelier de la Courneuve) datant de 1913 et 1915. Cette pâte est dirigée, en fonction de la qualité du charbon qui la compose, soit sur la presse à briquettes (brique moulée en pain parallélépipédique de 10 à 11 kg), soit sur l’une des deux presses à boulets fabriquant, pour l’une, des boulets qui seront vendus dans cet état c’est-à-dire « crus », appelés boulets « poussin » et pour l’autre, des boulets qui seront défumés et nommés « Ajouter au dictionnaire ».

Les briquettes, qu’on peut qualifier de charbon de bonne qualité, ont la particularité de s’enflammer facilement. Elles servent tout d’abord à l’allumage du foyer de la locomotive. Après avoir mis le feu au petit bois, ce sont les briquettes, cassées en morceaux, qui vont donner de la force au feu qui sera ensuite entretenu par le charbon. Les briquettes servent également à constituer un bon « talon » (briquettes déposées à l’arrière du foyer de part et d’autre du gueulard). Elles peuvent aussi venir en aide quand le charbon utilisé pour la chauffe de la locomotive n’est pas de très bonne qualité.

Bien évidemment, le prix d’une tonne de briquettes est plus élevé que celui d’une tonne de charbon ! C’est le prix du travail et de la qualité.

Livraison des briquettes sous plastique.

 

Vue aérienne de l’usine. On remarquera que l’usine est bien  desservie pour l‘acheminement du charbon avec un mini triage et les bords de la Charente.

Il va s’en dire qu’en 2017, il ne reste plus rien de cette usine et des briquettes, ni en France ni ailleurs !

Clic sur le macaron pour revenir au glossaire.

Previous post

Les abréviations SNCF

Next post

Allons au charbon...

The Author

Philippe CARON

Philippe CARON

2 Comments

  1. 14 juin 2017 at 14:25

    […] Bogie – Briquette – […]

  2. 15 juin 2017 at 10:25

    […] d’après-midi et puis celle du reste du temps. Dans le premier cas, il faut une petite corvée de briquettes pour se réchauffer : du bout du tender on ramène puis jette les briquettes sur le côté gauche […]

Leave a reply

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *