Fécamp 2007
Par Jean-Jacques Dujardin.
Le premier train de la saison est toujours celui qui porte certaines craintes. L’interrogation est toujours la même : avons-nous révisé tout ce qui méritait de l’être ? C’était d’autant plus vrai cette année que les travaux de l’hiver avaient été importants. Une locomotive de 85 ans se soigne avec attention mais, malgré toute la vigilance des techniciens du PVC, elle peut toujours nous réserver quelques surprises de dernière minute. Ceci étant, compte tenu de la valeur, de la ténacité mais aussi de l’extraordinaire motivation de nos bénévoles, nous restions confiants et nous avions raison.
C’est ainsi que, le samedi 12 mai 2007, notre princesse se mettait en tête de notre rame pour un voyage vers Fécamp via Le Havre. A la gare de départ, Sotteville, pas moins de 280 voyageurs heureux attendaient de monter dans nos voitures fraîchement nettoyées. Le temps ensoleillé semblait vouloir nous honorer de sa présence et cela stimula l’ambiance qui se révéla vite festive. A l’heure dite, la princesse ébranlait ses 8 véhicules (400 tonnes) pour les emmener vers un périple haut normand. Après un arrêt à Rouen RD puis à Malaunay pour embarquer les derniers voyageurs, c’est avec une vivacité lui rappelant sa belle jeunesse que notre locomotive franchissait le long et haut viaduc de Barentin. J’eus à peine le temps de prendre la photo que, déjà, la rame lancée à 100 km/h se fondait dans l’horizon des belles prairies. Quelle locomotive, quelle allure elle avait !
Elle traversa avec la même aisance les gares de Motteville et Yvetot et franchissait le viaduc de Mirville sans aucune gêne, se permettant même de siffloter de temps en temps. Avec une telle forme, c’est donc à l’heure prévue que notre locomotive s’immobilisait en gare du Havre où les voyageurs furent invités à descendre le temps de la prise d’eau, de l’adjonction d’un diesel (nous en parlerons plus loin) et du tournage de l’ensemble de la rame à Soquence.
Après un nouvel embarquement et un changement de mécanicien, ce fut le départ vers Bréauté où nous nous arrêtâmes pour prendre l’agent de sécurité de la SNCF qui nous accompagna sur la voie unique jusqu’à Fécamp. C’est beaucoup plus calmement (50hm/h maxi) que notre princesse traversa la campagne éclairée par un chaud soleil de printemps. Les photographes s’égaillaient le long des voies mais aussi sur les ponts, ou même, quand la ligne longeait la route, tout en roulant en voiture.
Les vaches, les veaux, les chevaux et les moutons, comme d’habitude, prirent peur et s’enfuirent à l’autre bout des prairies, mais cela n’ennuya nullement notre princesse qui, paisiblement, gagna la gare de Fécamp sous les bruyantes détonations de quelques pétards de voie signifiant qu’il y avait un petit événement programmé. En effet, au Havre, notre ami Robert, dit Zorro, avait pris « le manche » pour la dernière fois. Après 18 ans de conduite pour le compte de l’association, il conquérait sa deuxième retraite, laissant sa place aux jeunes, non sans avoir pris part, depuis bien longtemps, à la formation de ceux-ci. A Fécamp, ce fut la brassée de fleurs pour son épouse, quelques présents pour lui puis un court mais efficace discours lu par son ami Irénée dit « ma poule ».
Pendant ce temps, les voyageurs s’étaient déjà éparpillés dans Fécamp. Certains profitèrent d’un bon resto, d’autres de la visite de la remarquable Bénédictine ou encore du très intéressant musée des Terre-Neuvas.
Après un solide casse-croûte pour les membres du PVC et les soins à donner à la machine, c’est à 16h30 que nous quittions Fécamp, notre machine en queue et le fameux diesel en tête. Ce diesel était une obligation pour aider notre locomotive. Dotée de ses « grandes pattes » et des 400 tonnes à tracter, elle était dans l’impossibilité de gravir les 19‰ de la ligne qui, au départ de Fécamp, nous ramenait jusqu’à Bréauté.
A Bréauté, le diesel nous quittait et notre machine retrouvait la tête du train. C’est avec la même facilité et sans aucun problème qu’elle déposa ses voyageurs, satisfaits de leur journée « rétro », à Malaunay, Rouen puis Sotteville.
Avec un taux de remplissage de 95% soit 375 voyageurs, un horaire scrupuleusement respecté et aucun ennui mécanique, nous pouvons affirmer que ce train fut exemplaire.
Dès le lendemain, après une nuit sous pression et de sérieux soins, notre locomotive quittait Sotteville sans sa rame, afin de rejoindre la Bretagne pour ses 4 mois de train touristique entre Paimpol et Pontrieux. Souhaitons lui une aussi belle prestation que celle effectuée l’année dernière. Plus tard, nous vous donnerons quelques informations sur ce périple Breton.
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